
Bien souvent la contraception est abordée lors du séjour à la maternité à un moment où la jeune maman a d’autres choses à penser. L’idéal serait de s’informer au préalable, d’en discuter avec le partenaire avant l’accouchement et la reprise d’une sexualité afin d’opter pour la contraception la plus adaptée en tenant compte des contraintes qu’elle occasionne et de son efficacité. Aucune contraception ne sera efficace à 100%. L’indice Pearl[1] est un outil qui permet de définir de l’efficience d’une contraception lorsqu’elle est utilisée de façon optimale.

lES HORMONES DU CYCLE FEMININ
Le cycle féminin est régit par le complexe hypothalamo-hypophaire situé dans le cerveau. C’est l’hypophyse qui va moduler l’activité des ovaires en libérant deux hormones : l’hormone lutéinisante (LH) et l’hormone folliculostimulante (FSH). En réponse, les ovaires vont sécréter des hormones sexuelles qui sont de deux types : les œstrogènes et la progestérone.
Les œstrogènes, élevés en début de cycle, vont permettre la maturation des follicules, le développement de la muqueuse utérine en vue d’une potentielle nidation de l’embryon, la sécrétion de la glaire cervicale et un pic de LH qui sera synonyme d’ovulation.
La progestérone quant à elle, intervient en complément de l’action ostrogénique. Elle sera sécrétée après l’ovulation par le corps jaune (follicule libéré par l’ovaire lors de l’ovulation).
Periode de fertilite chez la femme
Deux conditions doivent être réunies pour que la femme soit fertile : un ovocyte vivant et une glaire cervicale, sécrétée. Cette dernière est produite sous influence oestrogénique. C’est elle qui permet le passage des spermatozoïdes et les maintient en vie. En tenant compte de la durée de survie des spermatozoïdes dans le corps de la femme et celle de l’ovocyte non fécondé, la femme n’est réellement fertile que sept jours sur les vingt-huit que compte son cycle en moyenne. La reprise de l’activité oestrogénique s’amorce dans les 45 jours qui suivent l’accouchement si la jeune mère n’allaite pas. Cette dernière précède le retour de couches et la réapparition des cycles. En cas d’allaitement, elle peut être retardée.
Il existe plusieurs types de dispositifs contraceptifs : les hormonaux, les non hormonaux et les méthodes naturelles.
LES DISPOSITIFS HORMONAUX
Ils ont pour objectif de leurrer l’hypophyse en lui faisant croire que l’ovulation s’est déjà produite. La progestérone étant le principal marqueur de l’ovulation pour l’organisme, la contraception apportera toujours un progestatif de synthèse combiné ou non à un œstrogène. De cette façon, très peu d’hormones lutéinisante (LH) et folliculostimulante (FSH) seront sécrétées par la glande afin de ne pas induire de sécrétion oestrogénique par les follicules. Ces derniers n’arrivant jamais à maturation, l’ovulation n’a pas lieu. De plus, si les follicules ne produisent pas suffisamment d’œstrogènes, la glaire cervicale n’aura pas une qualité suffisante pour permettre la survie des spermatozoïdes. Le manque d’œstrogènes ne permettra pas l’épaississement de la muqueuse utérine, l’endomètre sera impropre à la nidation. De même, le progestatif de synthèse présente un taux trop bas pour influer sur l’endomètre et de rendre apte à la nidation.
Le véritable anti-gonadotrope demeure le progestatif même dans le cas d’une association avec un œstrogène. Le rôle des œstrogènes sera de contrôler les saignements en mimant le cycle féminin.
D’une façon générale, ils agiront en bloquant la maturation folliculaire et/ou l’ovulation, en rendant l’endomètre impropre à une nidation ou encore en modifiant les sécrétions du col empêchant le passage des spermatozoïdes.
En France, la pilule contraceptive reste le moyen de contraception le plus utilisé. 48.8% des femmes la plébiscite. Cependant, d’autres méthodes peuvent être envisagées :
- les patchs oestroprogestatifs
- l’anneau vaginal
- l’implant
- le dispositif intra-utérin (DIU) hormonal
- les progestatifs injectables.
Leurs durées d’action seront variables : entre 3 semaines et 5 ans, de même que leur mise en place. Si certains, à l’instar du DIU ou de l’implant resteront à demeure, d’autres nécessiteront d’être ôtés à chaque cycle.
Enfin, parce la contraception n’est pas seulement une affaire de femme, les hommes étant fertiles 360 jours par an, des dispositifs hormonaux masculins existent. Ces derniers ont pour but d’obtenir l’azoospermie ou une oligospermie rendant la fécondation difficile.
LES DISPOSITIFS NON HORMONAUX
La cape cervicale, le diaphragme et le préservatif féminin seront à placer dans le vagin en amont du rapport sexuel afin d’obstruer le col et donc le passage des spermatozoïdes. Des spermicides pourront être combinés à ces dispositifs pour renforcer leur efficacité.
Le dispositif intra-utérin en cuivre aura quant à lui un effet spermicide rendant les spermatozoïdes inactifs.
Enfin, le plus connu, le préservatif masculin, sera lui à insérer sur le pénis en érection. Il a pour but de contenir le sperme après l’éjaculation afin d’éviter aux spermatozoïdes d’aller féconder l’ovocyte. Il s’agit du seul moyen de contraception qui protégera des infections sexuellement transmissibles et la seule contraception conventionnelle qui respecte la santé de l’homme et de la femme.
LES METHODES NATURELLES
Ces méthodes nécessiteront de la technique, une certaine régularité et une bonne connaissance de son corps.
- Méthode d’Allaitement Maternel et d’Aménorrhée (MAMA) : « Cette méthode constitue une alternative naturelle, fiable et gratuite. C’est celle prévue par la nature pour espacer les naissances et éviter les grossesses tant que l’enfant n’est pas autonome ». Elle est reconnue depuis 1988[1] comme une méthode de régulation des naissances. Plusieurs experts ont estimé que l’allaitement sous certaines conditions permettrait d’éviter plus de 98% des grossesses. Trois conditions sont à remplir pour être infertile :
- un allaitement exclusif au sein de jour comme de nuit
- des tétées dont l’espacement maximal d’excédera pas 4 heures le jour et 6 heures la nuit,
- la jeune maman doit demeurer en aménorrhée.
Ainsi, les 6 premiers mois pourront être considérés comme infertiles à 99%. Passé 6 mois, même en l’absence d’un retour de couches, la femme allaitante n’est plus considérée comme infertile et devra choisir un autre mode de contraception.
- Méthodes de régulations des naissances basées sur les périodes infertiles de la femme
Il en existe pléthore !
Parmi elles, les méthodes d’ovulation Billings, calculo-thermique ou encore symptothermique moderne. Leur principe est identique : il s’agit de reconnaitre un ou plusieurs signes annonciateurs de l’ovulation afin d’éviter tout rapport sexuel lors des phases dites fertiles.
Les signes à observer sont :
- La glaire cervicale : la méthode d’ovulation Billings, s’appuie à observer les modifications de la glaire cervicale au cours du cycle pour déceler l’ovulation. Cette dernière devient plus fluide, abonde et translucide à l’approche de l’ovulation.
- La température basale : cette dernière augmente légèrement entre 0.2°C à 0.5°C au moment de l’ovulation. La méthode calculo-thermique et plusieurs appareils de mesure sont basés sur la prise de température buccale au réveil : le Cyclotest et le LadyComp notamment.
- La consistance du col de l’utérus par autopalpation : haut, mou et ouvert en période de fertilité.
La méthode symptothermique moderne s’attache à rechercher, observer puis recouper chacun des trois éléments. Elle peut être considérer comme un mélange des méthodes Billings et calculo-thermiques. Grâce à elle, la femme apprend à reconnaitre et à repérer sa fenêtre de fertilité. Cela demande cependant un véritable apprentissage et une reconnexion au corps.
POUR ALLER PLUS LOIN
[1] Il doit son nom à Raymond Pearl. L’indice de Pearl est un outil statistique utilisé dans les essais cliniques pour mesurer l’efficacité des méthodes de contraception. Il est calculé en divisant le nombre moyen de grossesses non planifiées par le nombre de mois d’utilisation d’une méthode de contraception particulière dont on veut mesurer l’efficacité et en multipliant le résultat par 1 200. Cela correspond au nombre de grossesses observées pour 100 femmes utilisant ou dont le partenaire utilise une contraception donnée durant un an. L’indice de Pearl mesure la fiabilité d’une méthode contraceptive utilisée de façon optimale. Il convient de tenir compte de l’utilisation réelle de ces différentes méthodes, avec les erreurs possibles et accidents possibles.
[2] Consensus de Bellagio